Page 19 - Bulletin n°43
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                Temps de l’Incquisition
                     servant dans la clandestinité le Dieu d’Israël, et l’an prochain, de vrais Juifs, servant le Seigneur notre Dieu publiquement, à la face du soleil ! »
« Amen, amen », répondîmes-nous d’une seule voix et d’un seul cœur.
Tandis que se déroulait la Haggada, deuil et consolation, tristesse et joie, abattement et allégresse s’entremêlaient comme dans un jeu de lumières et d’ombres, comme dans un ciel tantôt couvert tantôt limpide. Tout cela donnait au service divin une grâce particulière et nous remplissait d’une délectation que ne connaissent pas ceux qui servent Dieu ouvertement et en sécurité. Nous étions en communion véritable avec l’âme de nos pères dans la nuit de leur délivrance d’Egypte. Arrivés au passage ‘A chaque nouvelle génération, tout homme est tenu de se considérer comme étant lui-même sorti d’Egypte’, quelques-uns voulurent encore questionner, mais R. Chlomo leur fit signe de se taire. Puis vint le ‘Hallel’ et la bénédiction de la ‘Guéoula’, c’est-à-dire de la délivrance. C’était le moment de vider notre deuxième coupe ; après nous être lavés les mains, nous goûtâmes les herbes amères.
Soudain, à l’entrée de la grotte, un bruit de pas pesants se fit entendre, accompagné d’un cliquetis d’armes. La porte s’ouvrit. Une troupe de gardes et de sbires firent irruption. Derrière eux, une voix criait : « Entendez-vous, mon Père ? Les voilà qui célèbrent leur fête en chantant, par Sebastian di Portioncoli ! »
« Eteignez les lampes, s’écria R. Chlomo, avec terreur. D’un bond il quitta sa place, et avec sa calotte éteignit toutes les lampes du côté nord. Mais aucun de nous ne bougeait, frappés soudain de la terreur subite qui s’était emparée de nous ; l’aurions-nous pu que cela n’aurait servi à rien, car les sbires avaient sorti leurs torches dont la lumière éclairait les visages de tous les assistants.
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« Arrêtez ces chiens », criait leur chef, « et conduisez cette troupe malfaisante en prison. Là ils seront jugés selon leur iniquité, car vraiment est terrible leur péché ».
C’est ainsi que la nuit que nous désirions se transforma pour nous en terreur. Un seul d’entre nous put échapper au piège, et ce fut R. Chlomo qui, en éteignant les lampes disparut des yeux de tous. Sans doute put-il se sauver par la seconde porte dont il connaissait le secret. Les ordres du chef furent exécutés : nous fûmes tous arrêtés et conduits en prison. C’est de là que Don Coronel me fit sortir il y a un an ».
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