Page 11 - Documents fondateurs et contractuels du Temple
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  impositions spéciales bien que de nombreux arrêts de justice leur reconnaissent la qualité de français. Quelques familles ont cependant une situation aisée et on leur doit l’introduction du chocolat en France.3
En 1818, le Consistoire acquiert un terrain donnant
sur les rues Neuve-Saint-Laurent et Notre-Dame de
Nazareth destiné à abriter une école et une synagogue.
Une dépendance de l’école sert de synagogue pour le
rite hispano-portugais mais le local est exigu ce qui
En mars 1492, de nombreux juifs expulsés d’Espagne
Dès le XVIIème siècle, quelques-uns de ces Juifs du Sud- se réfugient dans le Royaume voisin du Portugal où
irrite les fidèles et en 1849, à l’occasion de travaux Peu à peu, fort de leur importance économique lo-
Ouest, profitant de l’ambiguïté de leur statut s’établissent le roi Manuel 1er fait preuve à leur égard d’un libéra-
d’agrandissement de la synagogue, la jouissance de ce cale, ils ne dissimulent plus et affichent leur judaïté.
à Paris où les Juifs sont interdits de séjour depuis le lisme bienveillant. Mais son mariage quatre ans après
local leur est retirée. Un oratoire est alors créé rue du Le dernier mariage célébré à l’Eglise date de 1685. La
Moyen Age. Ils habitent dans les quartiers Saint-André avec la fille d’Isabelle la Catholique le contraint à ap-
Sentier par les notables portugais qui décident ensuite première pierre tombale avec inscription en hébreu
et Saint-Germain et sont souvent commerçants en pliquer la législation espagnole et à ordonner en 1497
de le transférer rue Lamartine proche du quartier en date de 1701 et c’est à partir de cette même année que
soieries, assureurs, joailliers. Aron Lopès de Bayonne la conversion forcée de tous les Juifs portugais.
expansion où s’installent les grandes banques et les le registre des circoncisions est officiellement tenu. Ils
dirige une fabrique de chocolat rue Mazarine mais le
compagnies d’assurances. Les frais de cette installation, construisent une synagogue, un mikvé et des écoles.
plus célèbre d’entre eux est Jacob Rodriguès Pereire, Soumis aux tracasseries de l’Inquisition, beaucoup de
financée sans le concours du Consistoire, sont très Des rabbins venus d’Amsterdam, d’Italie et même de
inventeur d’une méthode d’éducation des sourds-muets, ces « nouveaux chrétiens » connus également sous le
lourds et les notables portugais demandent que leur Terre Sainte exercent ouvertement leur ministère. En
couronné par l’Académie des Sciences et bénéficiaire nom de « conversos » ou le terme péjoratif de « Mar-
Temple devienne consistorial et soit entretenu aux 1723, Louis XV confirme leurs privilèges par de nou-
d’une pension annuelle du Roi de France. D’abord ranes », quittent alors cette terre devenue inhospita-
frais du Consistoire, acceptant la mort dans l’âme, une velles lettres patentes. Ils sont désormais reconnus
tolérés, leur présence est ensuite autorisée sous réserve lière et se réfugient en Italie, en Turquie et aux Pays-
fusion des deux rites en un rite synagogal français. Le comme Juifs dans les actes officiels. Leur prospérité
d’un sauf-conduit délivré par le Lieutenant de Police Bas. Un petit groupe se dirige vers Bordeaux où le
Consistoire fait bon accueil à cette demande et une croit tout au long du XVIIIème siècle. Cinq ou six
sur présentation du Syndic des Juifs portugais de Paris roi Henri II espérant que leur industrie profiterait au
commission travaille à établir un rituel français mais familles font le commerce d’armement et de denrées
qui est Jacob Rodriguès Pereire.4 Ils s’unissent aux Juifs Royaume de France les autorise à s’installer comme «
les responsables portugais vivent de plus en plus avec l’Amérique. L’un des plus prospères est Abra-
avignonnais vivants à Paris pour créer une synagogue nouveaux chrétiens » et leur reconnait par lettres pa-
mal les critiques du Consistoire sur leurs chants ham Gradis qui assure l’approvisionnement du Qué-
rue Saint-André des Arts que visitera le célèbre Rabbin tentes de 1550 des droits identiques à ceux des régni-
et la solennité des offices et de dépendre d’une bec pendant la guerre de Sept ans. Il bénéficie de la
voyageur Azoulay dit le « HIDA » en 1777 qui est coles.
commission administrative dont les membres sont confiance du Duc de Choiseul Ministre de la Guerre.
consacrée au rite de Bordeaux même si l’officiant est
étrangers à leur rite.
A sa mort, des princes du sang assistent à son enter-
originaire d’Avignon.5 En 1780, ils acquièrent à La Pendant un siècle et demi, ils obéissent scrupuleuse-
rement.
Lorsque le projet de fusion retardé par la guerre de
Villette un terrain destiné à abriter le premier cimetière ment à toutes les pratiques du culte catholique. Ils font
juif de Paris.6
baptiser leurs enfants et sont enterrés à l’Eglise, mais
1870 et la Commune est remis à l’ordre du jour, et que Le rabbin docteur de la loi, est considéré comme un
en secret, ils continuent à pratiquer la religion juive et
la création d’une synagogue monumentale rue de La guide éclairé pour les affaires de la religion, voire les
Les Juifs originaires du Midi bénéficient les premiers
à en transmettre les principes à leur descendance, et
Victoire est présentée comme le lieu de culte commun affaires privées, mais contrairement à l’usage des com-
des lois émancipatrices et égalitaires de la Révolution chaque cérémonie chrétienne est suivie de son équiva-
des Juifs de Paris, les fidèles portugais affirment leur munautés de l’Est de la France, la direction de la na-
Française par le décret du 28 janvier 1790 qui ne seront lence juive célébrée clandestinement. Ils sont en rap-
volonté de « conserver intacts les usages, prières et chants tion est assurée par un conseil de laïcs, le gabay(tré-
étendues aux Juifs de l’Est que le 27 septembre 1791. port avec des rabbins d’Amsterdam qui les aident à re-
traditionnels » dépôt sacré reçu de leurs pères et d’édifier sorier) et les parnassim (syndic). Le règlement de la
Lors de la création du système consistorial par Napoléon trouver les principes de leur foi. Habiles, intelligents,
pour cela à Paris, dans le même quartier que celui de la communauté de Bayonne de 1752 stipule : « le rabbin
1er en 1808, deux juifs portugais siègent au Conseil du ils réussissent dans les affaires. On en rencontre dans
Grande synagogue, un Temple consacré à leur rite.7 ne prendra aucune part aux affaires de la nation et se
Consistoire en même temps que deux originaires de toutes les professions et dans tous les arts : médecins,
contentera de tout ce qui regarde son ministère ». La
l’Est. Néanmoins la démographie joue contre eux et si imprimeurs, orfèvres, commerçants avec les colonies
Une Société Civile est alors constituée et ce Temple liturgie suivie est celle d’Amsterdam reçue d’Espagne
le Consistoire naissant a créé deux synagogues à Paris, et l’étranger ; certains sont armateurs et affrètent des
sera édifié sans le concours du Consistoire grâce à des et du Portugal et elle revêt pour ces Juifs ex-nou-
le rite hispano-portugais n’y a pas droit de cité. navires de guerre pour le compte du Roi.
souscriptions de fidèles et un apport extrêmement veaux chrétiens une importance particulière car elle
7
important du « mécène juif bordelais et nationaliste
 




















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