Page 11 - Mémoires et Traditions
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                 IINTRODUCTION
 « Za’hor ! Souviens-toi ! » Tel est l’un des commandements qui incombe à tout israélite.
Ainsi, depuis des millénaires, génération après génération, nous lisons et étudions les textes bibliques, récitons les mêmes prières à chaque fête et commémorons les mêmes événements qui ont marqué durablement l’histoire du peuple d’Israël.
Le souvenir est indissociable de notre foi. La transmission est notre devoir et, sans le legs mémoriel de nos Pères, nous n’aurions pas de repères.
Cet ouvrage, unique en son genre puisqu’il n’y a jamais eu une publication sur le temple Buffault – hormis le livret du rabbin Paul Bauer paru en 1977 à l’occasion du centenaire de la communauté -, veut ainsi rendre hommage au lieu et aux hommes, à leur volonté d’ériger un temple conforme à leurs ambitions, aspirations et traditions.
Sinon, ce serait faire injure à ces hommes que d’ignorer, d’abandonner ou de falsifier ce qui nous a été offert par les premiers fidèles de ce temple au XIXe siècle : les Juifs hispano-portugais, dont nous respectons encore et toujours les prières, les chants, les mélodies et le cérémonial, conformément à la volonté de l’un d’entre eux, leur mécène et bienfaiteur, j’entends Daniel Iffla Osiris.
Le lien qui nous unit avec les fondateurs est unique et essentiel car nous demeurons toujours les dépositaires de cette tradition hispano-portugaise en voie de disparition en France. Avec sagesse, avec l’esprit de tolérance qui fut le leur, nous veillons à respecter l’article 15 des Statuts de la Société Civile du Temple israélite, à savoir « de n’en pas changer la destination, c’est-à-dire de le consacrer à perpétuité à la célébration du culte israélite, suivant le Rite Espagnol-Portugais dit Séphardi. »
Malgré les bouleversements que la communauté a pu connaître tout au long du XXe siècle, malgré la loi de Séparation de 1905 qui obligea les Juifs portugais à confier leur temple et leurs biens au Consistoire israélite de Paris, cet article a toujours force de loi et nous sommes tous fiers d’avoir une dette de reconnaissance à l’égard de ces hommes.
De la péninsule ibérique à Paris, du pourtour méditerranéen au temple Buffault, que d’histoires et de tragédies vécues ! Pourtant, tous, Juifs portugais, espagnols,
comtadins, italiens, maghrébins, égyptiens et libanais, nous appartenons à la même famille : la communauté séfarade.
Ainsi, le temple Buffault est bien le lieu sacré où tous les fidèles séfarades se retrouvent et se sentent chez eux comme le désiraient ses anciens présidents Numa Alphandéry et Edmond-Maurice Lévy. Avec une conscience précise de leur identité particulière, ils avaient déjà tracé la voie à leurs successeurs.
Ce n’est donc que leur rendre justice à travers les articles d’historiens réputés tels que Dominique Jarrassé, Philippe Landau et Hervé Roten qui, comme nous, apprécient ce lieu et en connaissent les secrets, à travers l’explication érudite de la prière que fait notre premier ministre officiant Léon Cohen et particulièrement à travers les photographies réalisées par Valérie Bibard Debagha qui ressuscitent l’Histoire dans nos mémoires.
Ce livre a pour objectif de dévoiler à un large public la splendeur du temple Buffault, l’originalité de sa tradition et le dévouement des générations qui se sont succédées sans jamais trahir la fidélité de leurs aînés. Il confirme aussi notre volonté de poursuivre leur œuvre.
Je tiens aussi à remercier celles et ceux qui ont soutenu cet ambitieux projet, notamment les membres dévoués du Conseil d’administration de l’Amicale de Buffault.
Des fondateurs du temple Buffault, des rabbins et des fidèles aujourd’hui disparus, ne sommes-nous pas les héritiers ?
Elie BALMAIN
Président de la communauté de Buffault
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