Page 19 - Centenaire du Temple Buffault
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Les Aschkénazim étaient prêts aux plus grandes concessions. Ils
acceptaient la prononciation séphardite, la lecture de la Tora selon la
tradition portugaise ainsi que le chant des principales prières et l'intro-
duction de la bénédiction solennelle à l'issue de la répétition de la
Amida.

Un accord complet semblait donc être réalisé entre Juifs « alle-
mzbnds » et Juifs « portugais », accord dont le Grand Rabbin Zadoc Kahn
avait été un des plus chauds partisans.

On pensait même que ce nouveau rituel, avec la prononciation
séphardite, serait mis en service pour la première fois, lors de l'inaugu-
ration du futur Temple monumental de la rue de la Victoire, lorsque
la Communauté Portugaise, réunie en Assemblée Générale du 16 mai
1874, se prononça pour le maintien de son autonomie.

L'Administration du Temple Lamartine fit savoir au Consistoire,
« qu'à une très forte majorité, ses membres ont voté pour la conser-
vation d’un temple exclusivement portugais. En présence de cette déci-
sion, elle a le regret d'annoncer qu'il ne lui est plus possible d'accepter
l'honneur qui lui a été fait, en l'appelant à faire partie de l'Adminis—
tration du Temple de la Victoire. Les membres du Conseil d'Adminis-
tration de Lamartine remettent leur démission au Consistoire ».

Celui-ci, dans une longue réponse, exprime ses regrets de la décision
de l'Assemblée portugaise, rend hommage à la commission qui avait
été chargée de la fusion des rites, il s'incline devant les scrupules qui
ont contraint les Juifs Portugais à prendre cette décision et demande
à la Commission Administrative de Lamartine — qui jouit d'une très
grande expérience — de demeurer en fonction.

Voici, à ce propos, comment s'exprime l’ « Univers Israélite » (juin
1874, p. 587):

Cette Assemblée générale se tint le samedi soir 16 mai, 150 per-
sonnes y assistaient:

T. Astruc prit le premier la parole: « Nous tenons, dit-il, à nos
traditions, à nos chants, à notre rituel. Nous refusons toutes les alté-
rations qu’on nous a proposées ».

« Pourquoi, s'écria P. Lunel, venir nous proposer aujourd'hui de
prier autrement que ne le faisaient nos pères. Pourquoi froisser nos
sentiments et nos habitudes religieuses ? Est-ce dans une pensée de
Paix et d'Union ? Mais la Paix et l'Union n'ont jamais mieux régné que
dans la communauté actuelle de Paris, entre les deux branches de la
grande famille d'Israël. »

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