Page 103 - Mémoires et Traditions
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                  Les nouvelles pratiques musicales
    La synagogue de la rue de la Victoire (1874).
C’est en 1880 que le Consistoire bordelais décide d’acheter un « orgue-harmonium », d’une valeur de 450 francs, afin de le placer dans le nouveau temple alors en construction. L’architecte Durand, bâtisseur de la nouvelle synagogue, reçoit cette même année l’ordre de l’administration du temple de combiner la construction de la téba avec l’installation de l’« orgue ».
C’est dire l’importance que revêt désormais l’instrument aux yeux des israélites bordelais ! Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, le premier organiste attitré du temple israélite de Bordeaux, Léon Bérot, n’est pas juif ! Le choix du consistoire étant dicté principalement par le fait qu’il n’est pas permis, par la religion, de jouer d’un instrument pendant la durée du chabbat. Celui-ci entre officiellement en fonction en 1881 et participe aux offices et aux mariages. Il accompagne les chœurs lors de l’inauguration de la nouvelle synagogue en 188233.
Pour la raison mentionnée ci-dessus, les musiciens qui tenaient les orgues des synagogues n’étaient généralement pas juifs. Léon Algazi en fait la remarque dans sa préface de l’ouvrage Chants hébraïques traditionnels en usage dans la communauté séphardie de Bayonne publié en 1961 par Maurice Benharoche-Baralia : « Il y aura bientôt un siècle, Alphonse de Villers, qui exerça la fonction d’organiste au temple parisien séfardi de la rue Lamartine (transféré par la suite rue Buffault), puis à celui de la rue de la Victoire, signait, en accompagnant son nom de la mention Ani lo-yéhoudi (Je ne suis pas juif »), la transcription de l’office du vendredi soir, tel qu’il se chantait, à l’époque, rue Lamartine. Le catholique de Villers aura été ainsi un précurseur34. »
Depuis le début des années 1970, et le retour à une certaine forme d’orthodoxie, l’orgue n’est guère plus joué aujourd’hui dans les synagogues françaises, à l’exception des mariages ou des cérémonies officielles.
33 - Julien Grassen-Barbe, op.cit., p. 58.
34 - Léon Algazi, préface du recueil de Maurice Benharoche-Baralia, Chants hébraïques traditionnels en usage dans la communauté séphardie de Bayonne, Biarritz, édité par l’auteur avec le concours de l’association Zadoc-Kahn, 1961.
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