Page 101 - Mémoires et Traditions
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                  Les nouvelles pratiques musicales
  haam shekara lo, puis le Hodou (Chron. I, 16). On a aussi chanté le Ymloch. À l’entrée des Sepharim, après le Seou shearim, on a chanté le chœur de la bienfaisance, paroles françaises dont nous ignorons l’auteur. On a admiré aussi un très-beau chant, la bénédiction, Veal koulam et Aleinou qui, dans l’office, précède la bénédiction paternelle. Et l’on a surtout remarqué un solo de clarinette, exécuté par M. Dacosta, ancien première clarinette à l’Opéra et de la chapelle de l’Empereur. M. Dacosta est âgé de 70 ans, et son âge n’a point affaibli son talent. M. Jonas a très bien dirigé le chant, malgré le peu de temps qu’il avait eu pour exercer le chœur. (...) La cérémonie s’est terminée par le chant Adon Olam22. »
Introduction d’instruments de musique durant le culte
Cette description de l’inauguration de la synagogue parisienne de la rue Lamartine est caractéristique de la pratique musicale progressivement mise en place dans les temples consistoriaux au XIXe siècle. Le chant reste l’élément fondamental qui sous-tend la prière, mais petit à petit les instruments de musique s’insèrent dans le culte consistorial : ils soutiennent la voix du chantre et des chœurs et peuvent même dans certains cas servir d’interlude entre les prières, notamment pour les mariages.
L’introduction d’instruments dans la synagogue est loin d’être un fait unique dans l’histoire de la musique juive. On a retrouvé à
la Bibliothèque Nationale de France la partition d’une cérémonie donnée dans le Comtat Venaissin à l’occasion d’une circoncision. L’œuvre, qui s’intitule Canticum hebraicum, a été écrite par Louis Saladin dans le dernier tiers du XVIIe siècle pour chœur, solistes et orchestre. Une pratique instrumentale est également attestée dans plusieurs communautés juives d’Italie et des Pays-Bas, notamment à Amsterdam, tout au long du XVIIe et surtout du XVIIIe siècle23.
Rappelons également que dès 1812, lors de l’inauguration de la grande synagogue bordelaise, une imposante cérémonie avec chœur et orchestre s’était déroulée24. Le 25 août 1817 est organisée une autre cérémonie en l’honneur de l’anniversaire de la naissance du Roi. Le chœur y participe également, en y interprétant divers morceaux.
Des Te Deum faisant généralement intervenir des ensembles instrumentaux importants viennent chaque année marquer la vie religieuse des communautés bayonnaise et bordelaise. Les manuscrits du chœur de Bayonne contiennent ainsi 9 morceaux pour chœur et orchestre, datant probablement de la première moitié du XIXe siècle. Ces pièces sont généralement écrites pour un chœur à 4 voix et un orchestre de chambre incluant des instruments à cordes (deux violons, un alto, un violoncelle ou une contrebasse) et à vent (deux clarinettes, un cor et un basson), ou encore pour un ensemble d’instruments à vent (flûte, clarinettes 1 & 2, cors 1 & 2, bassons 1 & 2) et une contrebasse.
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