Page 107 - Mémoires et Traditions
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                  L’évolution des pratiques musicales portugaises
    Moïse Alvarez - Pereyre vers 1930.
Vers 1955, sa fille, Mme About remplace Jacqueline Frois à l’harmonium. Le nombre de choristes ne cesse de décliner et la mort de Maurice Lopes, en 1975, met un terme aux activités de cet ensemble.
Lorsque les Juifs d’Afrique du Nord s’installent à Bayonne dans les années 1960, ils sauvent d’une mort programmée une communauté dont le nombre de membres déclinait d’année en année42. En contrepartie, cette arrivée entraîne progressivement la fin du rite portugais à Bayonne : les fidèles d’Afrique du Nord ont en mémoire une liturgie héritée de leurs pères, qu’ils entendent, à juste titre, continuer à pratiquer. Aujourd’hui quelques rares airs de prière encore chantés dans le rite portugais43 témoignent de leur présence à Bayonne durant près de cinq siècles.
Le XXe siècle marque également un déclin démographique des Juifs portugais à Bordeaux. Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis arrêtent et déportent les deux tiers des Juifs bordelais. La grande synagogue est saccagée et ne sera rénovée définitivement qu’en 1956. L’effectif de la communauté atteint alors son niveau le plus bas. Il sera renforcé, dans les années soixante, par l’arrivée de 3 000 Juifs d’Afrique du Nord. Dans le même temps, se pose le problème de la coexistence, voire de la confrontation des différents rites au sein d’une même communauté. Il fut alors décidé de partager équitablement les offices entre les rites bordelais et d’Afrique du Nord. Le premier soir de chaque fête fut attribué au rite portugais, le deuxième soir au rite nord- africain ; les prières du chabbat se firent également dans les deux rites.
Succédant à MM. Jacobson, Meyer et Fonsèque, Moïse Alvarez-Pereyre est le dernier ‘hazan d’origine portugaise ; il officia jusqu’en 1953. Le rabbin Maurice Zerbib, originaire de Constantine (Algérie), arriva à Bordeaux après-guerre. Il apprit la ‘hazanout portugaise auprès de Moïse Alvarez-Pereyre puis l’enseigna à Robert Rehby, également d’origine constantinoise. Malkiel Benamara fut également ‘hazan à Bordeaux entre1973 et 1976 avant d’être nommé chantre de la communauté de la rue Buffault. Enfin, le jeune rabbin Didier Kassabi a officié à Bordeaux entre 2001 et 2004 avant d’être nommé à Montpellier. Aujourd’hui, il ne reste à Bordeaux guère plus d’une dizaine de familles issues de la Nation portugaise44.
42 - En 1969, on dénombrait sept cents juifs habitant Bayonne, dont 90 % d’origine nord-africaine arrivés dans les années soixante et à peine 10 % (soit environ quinze familles) de l’ancienne Nation portugaise. 43 - Il y a quelques années, des prières de l’office du vendredi soir, du samedi matin, de Roch Hachana et de Yom Kippour étaient encore chantées à Bayonne selon le rite portugais.
44 - Parmi elles, citons les noms de Henry et Hélène Sansy (fille de Moïse Alvarez-Pereyre) et de Gilbert Léon, dont les enregistrements ont contribué à faire connaître la liturgie portugaise.
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