Page 108 - Mémoires et Traditions
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                   Mais contrairement à ce qui s’est passé à Bayonne, le rite portugais n’a pas disparu dans cette ville : « Suite à la venue massive des communautés juives d’Afrique du Nord à Bordeaux, une répartition explicite des traditions liturgiques s’est faite. La tradition judéo-portugaise a ainsi été très largement maintenue, de même qu’elle est enseignée en tant que telle au talmud torah. (...) Certains fidèles l’ont fort bien mémorisée. Avec le recul du temps, les fidèles de la communauté juive de Bordeaux - où les familles judéo-portugaises ne sont pratiquement plus représentées lors des offices - constatent d’ailleurs que c’est le «rite bordelais» qui, à partir des années 1960, a permis de maintenir un rituel relativement homogène et permanent (lui-même élément d’unification de la communauté) (...)45. »
À Paris, la situation est quelque peu différente. La communauté portugaise est devenue plus importante au XIXe siècle et accueille des Séfarades d’autres origines, notamment ottomans et algériens. Toutefois, le rite demeure portugais. En effet, le temple Buffault a été bâti grâce à un don du mécène Daniel Iffla, dit Osiris, qui imposa comme condition exécutive que ce lieu soit à jamais dédié au rite hispano-portugais. Malgré les nombreux changements démographiques tout
au long du XXe siècle, les administrateurs du temple Buffault ont appliqué cette décision.
En dépit du déclin de la composante portugaise – qui ne représente maintenant qu’un infime pourcentage de la communauté - le rite a été préservé et perpétué par des fidèles de diverses provenances. Aujourd’hui, la majorité des fidèles est originaire d’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Égypte...). D’une assiduité religieuse plus grande que leurs coreligionnaires portugais, ces derniers utilisent leur rite propre – principalement l’oranais - pour les offices quotidiens du matin, de l’après-midi et du soir. L’office du vendredi soir, du samedi matin ainsi que la plupart des offices de fêtes sont chantés selon le rite portugais. Dans cette volonté de maintien du rite portugais et de ses airs, il nous faut mentionner les noms des chantres qui ont porté brillamment cette tradition à la téba de Buffault durant près de 130 ans.
Durant leurs ministères, ces chantres initièrent de nombreux enfants aux airs traditionnels. Les écoles consistoriales de Paris fournirent également au temple de Buffault des générations d’élèves qui chantèrent dans le chœur de la synagogue. Roland Mossé, qui officia à Buffault de 1930 à 1977, fut particulièrement actif dans la transmission du
  La chorale du temple Bordeaux ... à Buffault (2009).
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