Page 38 - Mémoires et Traditions
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                    65 - ACIP, Mariages, registres GG.39 et GG.241. Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC), liste 70-21 et section « Recherche de personne. » Nous remercions Madame Andrée Almery
qui nous a donné des informations généalogiques sur la famille.
66 - La Grande Revue, avril 1904. Sur le sujet, consulter Philippe Landau, « Zadoc Kahn face à la loi de Séparation : consolider
le judaïsme dans l’espace républicain. », Zadoc Kahn. Un grand rabbin entre culture juive, affaire Dreyfus et laïcité, sous la direction de Jean-Claude Kuperminc
et Jean-Philippe Chaumont, Paris, Editions de l’Eclat, 2007, p. 219-236.
67 - ACIP, Procès-verbaux, registre AA.19 (novembre 1906 – juin 1915), séance du 3 décembre 1906.
68 - Catherine Poujol,
« Les débuts de l’Union libérale israélite (1895-1939). Le pari de moderniser le judaïsme français. », Archives Juives, n° 40/2,
2e semestre 2007, p. 67.
69 - ACIP, Dévolutions, boîte D.4, Temple Buffault, lettre du 22 novembre 1906. 70 - Archives du Temple Buffault, lettre de Numa Alphandéry du 1er janvier 1932. 71 - Consulter le catalogue de l’exposition, La splendeur des Camondo, Paris, Mahj et Flammarion, 2009.
Né en 1841, Leroy de Bonneville ne connaît pas le judaïsme lorsqu’il participe à la décoration du temple. Durant les travaux, il noue des liens d’amitié avec Prosper Lunel et s’éprend de sa fille Alice. Pour épouser la jeune fille, il décide de se convertir et, devenu israélite en novembre 1880, il se marie avec elle le 7 décembre. De cette union réussie, trois enfants naissent : Robert, tombé au champ d’honneur en 1918, Jack qui meurt en déportation avec son épouse à Auschwitz en février 1945 et Olga qui se marie avec un juif tunisien en 191965.
Le 9 décembre 1905, la promulgation de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat accélère favorablement les relations des administrateurs du temple avec le Consistoire de Paris. Face à l’attitude réactionnaire du clergé pendant l’affaire Dreyfus, l’anticléricalisme guide le cabinet de coalition républicaine formé par René Waldeck-Rousseau. La victoire du Parti radical aux élections législatives de 1902 ranime le spectre d’une séparation. Sans apporter véritablement son soutien au gouvernement, le grand rabbin du Consistoire central Zadoc Kahn estime : « ...nous faisons bon ménage avec l’Etat, mais si elle se produit (la séparation), nous ne serons pas désespérés66. » Dans la plus grande discrétion, il nomme une commission chargée d’étudier les propositions gouvernementales. Le projet Briand les séduit car il propose la liberté des religions, ne conçoit pas la confiscation des biens mais admet des dévolutions et envisage la création de futures associations régies par la loi de 1901. Ayant été informé de l’intangibilité de la loi en octobre 1905 par Zadoc Kahn, la commission définit les statuts de l’Union des Associations cultuelles israélites de France et d’Algérie qui remplacera le Consistoire central de « façon à confirmer la continuité et à maintenir les traditions administratives67. »
La loi aussitôt votée, le Consistoire se transforme en une importante Union dont les statuts sont déclarés conformes par le Conseil d’Etat en mars 1906. La fédération des communautés permet ainsi au judaïsme de préserver les intérêts de la minorité tout en étant représentative auprès des pouvoirs publics. Devant de tels bouleversements, les administrateurs du temple Buffault craignent l’éclatement de leur communauté. Leur inquiétude est justifiée car plusieurs fidèles souhaitent des réformes dans la tradition. Salvador Lévi et Alphonse Péreira désirent un judaïsme moins conservateur. Ils seront d’ailleurs les fondateurs du mouvement libéral et interviendront lors de l’avènement du temple de la rue Copernic en décembre 190768..
Afin de limiter leur influence, admettant aussi que sans l’aide matérielle de l’Association consistoriale israélite de Paris le temple Buffault risque de ne pas survivre à l’épreuve. Afin de maintenir le rite hispano-portugais, les administrateurs trouvent un compromis. Les biens appartenant à la Société Civile – avec l’accord de Daniel Osiris – sont alors transférés avec toutes les charges et obligations au Consistoire de Paris avec pour condition essentielle : « N’en pas changer la destination, c’est-à-dire, le consacrer à perpétuité à la célébration du culte israélite, suivant le rite Espagnol-Portugais dit Séphardi69. » Numa Alphandéry, le liquidateur de la Société Civile, et qui présidera le temple de 1913 à 1937, veillera à ce que ces impératifs soient respectés. À la veille « de quitter ce monde », il donne encore des conseils à ses successeurs qui « pourront servir dans l’avenir au cas de difficultés avec le Consistoire70.»
À cet effet, l’administration effectue régulièrement des inventaires en 1907 et 1910 pour les dons de la famille Camondo71 puis en 1937 et 1970. La volonté de sauvegarder le patrimoine communautaire anime d’ailleurs les responsables dès les années trente. Certaines pièces sont ainsi réunies dans la salle du conseil, en particulier les objets rituels du XIXe siècle, une Bible en ladino du XVIIIe siècle, des décorations provenant du temple de la rue Lamartine et un tableau du peintre Edouard Brandon, représentant un rabbin.
La lettre de Numa Alphandéry à l’AciP sur le maintien du rite hispano-portugais, 1906.
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