Page 56 - Mémoires et Traditions
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                   À LA DÉcOUVERTE DU TEMPLE...
Visitons maintenant le temple pour y déceler tant les éléments originaux d’une architecture originale que les symboles de l’identité séfarade. Sollicité par Osiris, l’architecte Stanislas Ferrand (1844-1913) qui s’était donc établi une réputation plutôt dans l’architecture utilitaire, reçoit néanmoins la charge de ce projet ambitieux ; certes, le temple de la rue Buffault est loin des proportions grandioses (sa façade culmine à 23m50) de ses deux contemporaines rue de la Victoire (1874) et rue des Tournelles (1876) ; elle en partage néanmoins certains traits stylistiques. Comme la synagogue de la rue de la Victoire, le temple Buffault est néo-roman. Comme celui de la rue des Tournelles, il utilise une structure métallique pour dégager l’espace ; comme les deux, il possède une façade tripartite surmontée d’un pignon curviligne, ici combiné avec un pignon pointu, une rose centrale et un porche ouvert sur un portail de trois arcades. Son corps central, qui correspond au vaisseau de la nef, est flanqué de deux tourelles et l’archivolte porte une inscription hébraïque traditionnelle : « Sois béni en entrant, sois béni en sortant » (Deutéronome 27,6). Elle est complétée d’un symbole, employé aussi rue des Tournelles, deux bouquets (loulav) et les espèces de souccoth. Les douze lobes de la rose rappellent les tribus d’Israël, le nombre douze se retrouvant dans les arcatures aveugles de l’attique sur chaque tourelle. Le porche qui mène à trois baies ouvrant sur le vestibule, donne lui-même accès à la salle de culte par trois portes identiques ; sous le porche, au-dessus de la baie centrale, une plaque, objet de discorde et imposée après jugement au tribunal, commémore le don d’Osiris : « Ce temple a été élevé par Daniel Osiris Iffla et offert à la communauté des Israélites portugais l’an MDCCCLXXVII.»
Le vestibule dessert, à gauche, une conciergerie, à droite, la salle des mariages qui servit aussi de « musée », et d’autre part, ménage par deux escaliers l’accès à des bureaux et aux tribunes des femmes. L’intérieur est aussi chargé de références symboliques et historiques, six colonnes de part et d’autre soutiennent les tribunes ; les arcs surbaissés ont reçu des clés de voûte en forme de tables de la Loi avec les noms des patriarches, des rois et des prophètes, depuis Abraham jusqu’à Ezra. L’histoire du peuple d’Israël se déroule ainsi dans ses principales étapes, de l’Alliance à la Révélation et à la reconstruction du Temple. Il convient aussi de noter la présence, assez nouvelle alors, de l’étoile à six pointes, dite Maguen David, dans
les balustrades. Il est indéniable qu’avant même que cette étoile ne soit diffusée par le sionisme comme symbole majeur, elle est alors en passe de se spécialiser. Le commentaire de la revue professionnelle, Le Moniteur des architectes, dans un article très clairement inspiré par le commanditaire et son architecte, le précise en ces termes : « Au second étage, d’autres colonnes divisent en travées une belle tribune dont la balustrade, en pierre ajourée, répète partout l’étoile à six rayons, motif ornemental traditionnel de l’architecture juive11. »
11 - « Le Temple israélite du rite portugais
(rue Buffault) », Le Moniteur des architectes, 1878, p. 26.
  L’entrée du temple Buffault.
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