Page 74 - Mémoires et Traditions
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                     Daniel Iffla Osiris, mécène du temple.
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Dès les années 1860, à la tête de quelques millions, Osiris décide de se consacrer prioritairement à la philanthropie et au mécénat. Tout au long de sa vie, se construisant un panthéon de héros qui incarnent ses valeurs juives, humanistes et nationalistes – Moïse, Jeanne d’Arc, Napoléon et Pasteur – il poursuit un objectif qui trouve son aboutissement dans des actes comme le rachat de La Malmaison pour en faire un musée national, la création de pavillons médicaux, un bateau-soupe à Bordeaux ou son legs pharaonique à l’Institut Pasteur... Cependant toute une part de son œuvre est orientée par sa fidélité au judaïsme et sa fierté d’être séfarade ; cela se traduit par la construction de sept synagogues et quelques monuments ou commémorations. Une sollicitude pour le souvenir de sa famille, en particulier son grand-père dont il porte le nom et qui fut un soldat de la Révolution et de l’Empire, s’entremêle à ce culte identitaire.
OSIRIS SOUTIENT LE PROJET DE SyNAGOGUE JUDÉO-PORTUGAISE
L’attachement d’Osiris à son identité séfarade se trouve évidemment en harmonie avec le projet des leaders de la Société Civile, comme le rappelle le traité qu’ils concluent le 31 juillet 1876. Osiris écrit : « Les souvenirs de ma famille et ceux de ma jeunesse m’imposent l’obligation de rappeler dans la présente qu’on devra suivre exclusivement dans la Synagogue de la Rue Buffault le Rite Séphardi dit Portugais tel qu’il se pratique actuellement à Paris au temple de la Rue Lamartine, à Bordeaux, Bayonne, Amsterdam et dans le Rituel du Hazan Mendès. » Pour Osiris, ce respect passe aussi par le rappel formel de la synagogue de sa petite enfance, celle de Bordeaux. D’ailleurs, il raconte dans une version de son testament : « Je me suis promis et j’ai promis à Dieu que si un jour j’étais riche, j’élèverais des temples synagogues en son honneur. Cette promesse, j’espère faire tous mes efforts pour la tenir dans toute sa rigueur. Je l’ai faite le jour de ma première communion au temple de la rue du Vertbois qui était contigu à celui existant encore rue Notre-Dame-de-Nazareth et où se réunissaient mes coreligionnaires du culte israélite (rite allemand). » Dans la même logique, la synagogue de Bordeaux ayant disparu dans un incendie en 1873, Osiris avait souhaité la reconstruire à ses frais. N’ayant pu le faire à la suite du rejet de sa proposition par le Consistoire israélite de Bordeaux, avec qui il était en procès au sujet de son caveau, il lui substitua comme modèle du temple séfarade français celui de la rue Buffault.
OSIRIS ET LA DÉFENSE DE L’IDENTITÉ JUDÉO-PORTUGAISE
Daniel Iffla (1825-1907), qui aurait reçu de sa mère à sa naissance le surnom d’Osiris, appartient au groupe des Juifs bordelais, souvent d’origine très modeste, qui vinrent faire fortune à Paris et formèrent un milieu très uni qui avait pour centres d’une part la Bourse, d’autre part, la synagogue judéo-portugaise. Les plus connus sont évidemment les frères Pereire, Moïse Millaud ou Jules Mirès, auprès de qui Osiris semble avoir débuté sa carrière financière après des débuts très difficiles.
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