Page 17 - Bulletin n°45
P. 17

 Après des générations, cette ébauche de civilisation est un échec, car «la malice de l’homme sur la terre était grande et (que) tout l’objet des pensées de son coeur n’était toujours que le mal». Mais «Noë trouva grâce aux yeux de D...»; il était le lointain descendant de Seth, 3e fils d’Adam et Eve, conçu «à la place» d’ Abel. La Torah ne dit rien des fonctions de Seth ni de ses descendants, dont l’un déjà, Hénoch, comme plus tard Noë «marchait en compagnie de D...» (Genèse V, 22 et VI, 9). Le nom de Noach consonne avec «repos» et «nous consolera» : «Celui-ci nous consolera de notre tâche et de la souffrance de nos mains provoquée par le sol qu’a maudit Iahvé» (Genèse IV, 29). Il lèvera la malédiction de la terre souillée par Caïn. Noë est un «homme du sol» (Genèse IX,20) comme Caïn, mais qui protège les espèces animales, comme Abel, pour qu’elles survivent au Déluge; les humains survivants en sortent avec l’autorisation de manger de la viande.
«Pour ce qui est de votre sang, je le réclamerai, comme vos âmes...je réclamerai l’âme de l’homme de la main de l’homme... Qui répand le sang de l’homme, par l’homme son sang sera répandu». (Genèse IX, 5,6) Cela s’adresse en particulier aux futurs Caïn, comme une condamnation. Par contre, on peut répandre le sang animal, puisque ce n’est pas interdit et inévitable pour la consommation et l’offrande de viande (alors qu’il est interdit à l’animal de répandre le sang de l’homme). Cette absence d’interdiction absout l’activité d’Abel.
Toute partie ou totalité de l’animal vivant étant interdite à la consommation, le sang, nommément, et le lait sont proscrits, jusqu’à ce que D... présente ainsi la Terre promise à Moïse : «C’est un pays ruisselant de lait et de miel» (Exode III, 8; rappelé en III, 17, en XXXIII, 3, etc...)(1). Par cette parole, il sera facilement admis que la consommation du lait est autorisée comme casher.
Mais le lait est aussi du sang non versé, ayant suivi le processus de lactation. Le sang écoulé est soustraction de vie, tandis que le sang non écoulé, devenu lait, est preuve d’ addition de vie, quand il s’écoule. Le lait
est ainsi transformation du sang par le truchement du foetus.
Symétriquement, la sève végétale élaborée ou nectar est transformée en miel par le travail de l’abeille. Car, il a été dit qu’ en ces temps-là tous les végétaux contenaient du «lait», comme, de nos jours encore, le soja, l’amandier, le cocotier, etc... A ce titre, on comprend que l’offrande végétale de Caïn fut refusée par D... parce qu’elle contenait ce «lait» qui présentait Caïn comme un créateur concurrent du Créateur.
Si le lait est du sang animal modifié, le miel est du nectar de fleurs -appelé aussi «sang des fleurs» - transformé, grâce à l’abeille, par notamment l’acide lactique provenant de la fermentation des végétaux. Le lait animal comme le miel sont des produits naturels, mais issus d’une transformation dépendant d’un tiers- ouvrier; un biologiste dirait que la même relation symbiotique existe entre la mère et le fœtus, comme entre la fleur et l’abeille.
Ce sont Abel et Caïn, l’animal et le végétal, hôtes antediluviens, métamorphosés en substances comes- tibles, qui accueillent les Hébreux en Canaan, terre qui transfigure la nature : sang animal en lait et «lait» végétal en miel.
Abel avait offert une viande immanquablement maculée de sang: D... en a fait choix, mais le sang versé, caractéristique du Mal, du passage de la vie à la mort, a suivi l’instruction d’être retenu, préservation de l’âme du sang, pour subir la transformation en lait, par choix de la vie. Caïn avait offert les fruits de la terre, tels que D... lui-même les crée: ils ont donc été refusés; ce n’est que de leur transformation en miel que Caïn peut être agréé. Cette progression coïncide avec l’entrée en Terre promise. (2).
Cette Terre abrite Abel et Caïn qui ont transmué, dans leur réconciliation, respectivement le sang animal et le «lait» végétal, grâce aux agents de perfectibilité que sont foetus et abeilles, en faveur de l’animalité- humanité et de la minéralité-végétalité. Ils sont les signes de l’amélioration de la Création, abolissant chez l’humain l’iniquité instituée par la primogéniture,
17
 WWW.BUFFAULT.NET























































































   15   16   17   18   19