Page 23 - Mémoires et Traditions
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                  La résistance s’organise
    Moïse Polydore Millaud soutient la cause des Portugais.
LA RÉSISTANCE S’ORGANISE
Depuis leur installation rue du Sentier, les Portugais se mobilisent pour obtenir les fonds nécessaires afin d’avoir un temple représentatif comme à Bayonne et à Bordeaux. En 1849, les administrateurs informent les membres consistoriaux qu’ils ouvrent une nouvelle souscription pour édifier un lieu de culte. Il s’agit « d’une nécessité absolue » pour « attirer ceux de nos frères qui ont été trop longtemps éloignés de la maison de Dieu faute d’y trouver place39. » Une commission est alors nommée avec plusieurs hommes d’affaires dont Alphonse Lange, Moïse Léon, Félix Solar et Moïse Polydore Millaud. L’architecte Jacob Silveyra en est le président. Leur projet progresse puisqu’au début de 1850, un vaste local est enfin trouvé rue Lamartine. En pleine rénovation, ce quartier attire la bourgeoisie d’affaires et correspond ainsi au goût des Séfarades. Il est spacieux, aéré et proche de la Bourse.
La construction commence à l’automne sans le consentement du Consistoire de Paris. Aussi, lorsque l’administration séfarade invite les notables consistoriaux à l’inauguration, les tensions ressurgissent. Il aurait fallu demander l’autorisation préalable au grand rabbinat pour l’ouverture du temple. Négligence ou défi ? Par l’intermédiaire de Moïse Millaud, le créateur du Petit Journal qui tire à 300 000 exemplaires, le Consistoire a maintes fois été averti de la mise en œuvre du projet. Mais, vraisemblablement offensés, les dirigeants ont négligé les lettres du publiciste et les appels répétés des fidèles comme le relate la presse israélite : « Ils (les Portugais) avaient à lutter contre de graves et pénibles difficultés, d’autant plus graves et d’autant plus pénibles, qu’elles venaient d’un côté où ils devaient trouver l’encouragement le plus large et la protection la plus puissante40. » Pour assurer la concorde et l’unité du judaïsme parisien, le Consistoire s’empresse d’obtenir l’autorisation. En contrepartie, il exige la création d’un conseil d’administration. Après l’inauguration, Téléphe Astruc, Moïse Millaud, Victor Monteaux et Eugène Norzy en font partie. Les frais du temple restent encore à la charge de la communauté tandis que l’institution réclame le versement de la moitié des recettes. Le ministre officiant et mohel Aron Lopès Silva est placé sous l’autorité du grand rabbin Lazare Isidor.
Le grand rabbin Lazare Isidor (1813-1888).
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